JE REVE, DONC JE SUIS -2- Les délices de Délos

J’étais tranquillement allongé près de la piscine à La Lanterne, quand se présentèrent deux personnages cagoulés, portant de longs crayons bien taillés, en forme de mitraillette. J’eus peur mais ils me rassurèrent aussitôt. Nous sommes des huissiers, mandatés par M. Macron. Ils venaient me signifier que j’étais expulsé.
Julie avait sans doute omis de payer les derniers loyers. En un éclair, ils me soulevèrent de terre. Je me souviens alors m’être retrouvé dans le grand amphi de l’hotel à Davos. Seulement vêtu du maillot de bain, passablement mal à l’aise, pieds nus, je me hissais vers la tribune officielle.
J’appris plus tard que ce parterre de gens très argentés crut qu’ainsi, je plaidais pour les peuples pauvres, à commencer par mon pays. Mais on parlait de terrorisme et des moyens d’échapper aux pickpockets, nombreux en Suisse. Dans une ce ces belles envolées lyriques dont j’ai le secret, je sommais le patronat de mettre la main à la poche.
Selon moi, il lui revenait de financer la sécurité de la planète. De l’un des balcons, jaillit presque instantanément une voix de ténor. Je reconnus Mélenchon. Que faisait-il là? Il me traita de fasciste, estimant que l’invitation faite aux patrons équivalait à leur ouvrir la porte du pouvoir. Il avait sans doute raison, je reconnus mon erreur. Aussi, par un large sourire, j’expliquais alors que dans mon pays, il était parfois difficile de lancer des blagues. Des rires sonores, un tonnerre d’applaudissement, des jets de confettis, de bruyantes fusées éblouissantes me permirent de disparaître par la trappe du souffleur.
Mon hélicoptère m’avait déposé sur la plage de Délos, en compagnie de Tsipras. Il faisait très chaud, aussi Valérie nous procura de délicieuses glaces. Revenu de Davos, Alexis m’avait invité afin d’envisager les mesures à prendre pour contrer la puissance allemande. La grèce avait, elle aussi, cruellement souffert des Nazis, mais ce temps était révolu, heureusement. Mon hote l’admit. Ainsi, je rentrais à Paris, rassuré et parfaitement conscient de mon destin incontournable.

Riendetout Utopia7
28 janvier 2015.

JE REVE, DONC JE SUIS! -1- Sortie du tunnel.

J’étais depuis un temps infini à marcher dans le tunnel sous la Manche. Je tendais régulièrement le pousse, en vain. Obama, Merckel, Juncker refusaient de me laisser monter. D’autres Grands de ce monde, encore plus agressifs, me faisaient un bras d’honneur chargé d’ironie.
Macron, portant mon sac à dos, tenpêtait contre les taxis. Il m’annonça qu’il allait les nationaliser, tant était grave l’affront fait à l’unité de la France. Cazeneuve, lunettes noires, boitillant suite à une mauvaise chute -en fait il avait heurté un pavé lancé par la foule-, dressait sur une ardoise d’écolier la liste des terroristes à maitriser au plus vite. Des larmes perlaient doucement sous les lunettes. Je le consolais. Il n’était pas responsable des massacres qui se multipliaient en France.
La nouvelle guerre de religions avait en effet démarré sans prévenir le chef de l’Etat que j’étais. Encore, toujours cette maudite atteinte à l’Unité nationale. J’avais hâte d’arriver au bout du tunnel, après tant et tant de journées d’une marche épuisante. Et ce, malgré l’entraînement acquis dans la forêt corrézienne, en compagnie de Jacques et Bernadette.
Est-ce le rai de soleil pénétrant le rideau de La Lanterne qui en fut la cause? Toujours est-il que soudain la lumière aveuglante jaillit: j’étais enfin au terme du tunnel. Valls en barrait l’entrée, juché sur la moto que j’avais mis à sa disposition. Il s’était hardiment posté en travers du chemin de pierres. Il brandissait avec beaucoup d’agitation, celle d’un Démétrios Ier à Samothrace, un immense baromètre. On pouvait y découvrir notre fabuleuse remontée dans les sondages m’assura-t-il.
Je restais placide et serein. Ce rappel à la Grèce antique surgissant lors de ma rêverie, me renvoyait donc à l’exigeante réalité européenne. Il me fallait choisir entre Merckel-Juncker et Syriza-Podémos. Macron, se libérant de mon sac d’épreuves, rappela la ligne de conduite, oeuvrer pour une austérité résonnéee et raisonnable…

Utopia7 Riendetout
20 janvier 2015.

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